Avant-propos : par « auteur », nous entendons « toute personne qui écrit ». Nous ne faisons pas de distinction selon le degré de renommée ou le style des écrits de ceux qui ont bien voulu répondre. Merci à eux.
Pierre Bisiou est sur facebook, twitter, instagram. Il a publié en tant qu’auteur, et en tant que traducteur. Vous pouvez cliquer ici ou là si vous voulez en savoir plus.
Conversation démarrée 6 novembre à 18:47
Bonsoir Pierre Bisiou,
Le temps fait que je n’ai jamais pris la peine d’ouvrir la fenêtre pour venir vous saluer, mais d’une certaine manière, nous nous connaissons… En tout cas, c’est l’impression que le numérique peut donner, et j’aime bien la camaraderie qu’il inspire parfois. Bref, je vous écris pour vous demander un service. Accepteriez-vous de répondre à quelques questions ?
Merci d’avance.
20:33
Vous en avez de bonnes, vous !
20:45
Je fais de mon mieux.
21:33
Je vais essayer de vous répondre mais ce ne sera encore que très partiel à ce stade. Disons que c’est un début de dialogue, d’accord ?
21:34
Mais oui, absolument. Partiel et dialogue sont des mots qui vont très bien ensemble…
21:36
Question : Vous écrivez depuis combien de temps ?
Depuis très longtemps. Je me souviens assez bien de mon premier texte, écrit à l’école. Une page recto-verso qui s’intitulait « La Famille Castor déménage ». C’était le CE1 je crois, enfin, il me semble. Une joie extraordinaire. Juste gâchée par un copain qui avait obtenu autant/plus de succès que moi en écrivant sur Riri, Fifi, Loulou. Lui avait fait du name dropping, pas moi, et pourtant l’ensemble de la classe avait mis son texte un tout petit peu devant le mien, même si la maîtresse (on dit maîtresse en CE?) m’avait repêché et nous avait déclaré égaux. Il s’agissait d’un dialogue, mon histoire de castors. Je n’ai pas cessé de préférer les dialogues à toute autre forme d’écriture.
21:38
Quelqu’un qui commence par écrire des dialogues… On n’écrit plus assez de dialogues.
J’ai essayé, parfois, à plusieurs.
(Tiens moi aussi, en débuts glorieux, je me souviens d’une histoire de schtroumpfs, mais c’était un peu plus tard.)
21:40
J’ai lu un roman de Puig en dialogue, il y a longtemps.
21:42
Question « Vous êtes un homme ou une femme ? »
Un homme (cf Polnareff). Bien sûr que ça change quelque chose à mon travail. Tout change quelque chose à mon travail, être un homme, habiter ici, manger ça, avoir cet âge et utiliser cet ordinateur. En clair, oui ça change quelque chose, comme tout le reste, ni plus ni moins (?). Enfin… je ne sais pas …
21:43
Oui, c’est difficile de savoir ce que ça change, je trouve.
Et du coup, quand on essaie de l’expliquer, ça tombe vite à plat.
21:43
Voilà … !
21:44
Mais la question se pose quand même. (Enfin, ça m’intéresse de la poser.)
21:44
D’accord. La question me plaisait aussi.
21:45
Ah! tant mieux.
21:45
Question « Est-ce que vous travaillez à côté, et si oui, que faites-vous ? » « Est-ce que vous trouvez que c’est facile à concilier ou ingrat ? »
Étrange question … Écrire fait partie de moi, comme élever ma fille, traduire des romanciers coréens, faire les courses au Leclerc. Pas de frontières. Aucune activité distincte, l’ensemble c’est vivre.
J’ai dit une bêtise ?
21:47
Aucune bêtise, au contraire. La question est là parce qu’il faut voir comment les parties composent le tout. Je n’attends aucune réponse particulière, juste voir la vie, derrière des idées préconçues. Du genre : les pauvres qui écrivent sont en marge… Ou ils séparent complètement leur activité du reste. Je crois justement que ce n’est pas si simple, et sur les réponses que j’ai, il y a déjà des différences.
21:49
D’accord.
21:49
Question « Connaissez-vous la répartition des recettes du livre, et si oui, qu’en pensez-vous ? »
Pas compris la question. Vous pouvez m’expliquer ?
21:53
Oui.
Là encore, pas de leçon à donner, ou autre, juste voir si les gens sont hyper concernés par leur secteur d’activités ou pas.
21:54
Oui, je connais un peu, dans l’édition papier. J’ai été éditeur une quinzaine d’années alors ça fait des souvenirs …
06/11/2013 21:54
(Ça fait un peu bizarre, de parler comme ça… « secteur d’activités »)
Vous en avez eu marre ?
21:55
On s’est fait virer.
21:56
Bravo!
21:57
Question « Que pensez-vous des prix littéraires ? Vous en avez déjà reçu ? »
21:58
Ils sont utiles, dans le principe. Après, leur dévoiement est souvent à se tordre les doigts de rage mais qu’importe. Oui, je crois qu’ils sont utiles malgré tout. J’ai cru m’en rendre compte en voyant ce qui se faisait dans d’autres pays, certains qui n’ont pas de prix littéraires, d’autres qui en ont très peu et d’un poids considérable…
21:59
Et oui j’en ai déjà reçu un, le Prix Virilo, en 2008
J’ai aussi été juré dans un prix une fois, le prix Rive Gauche, en 2010.
22:01
J’avais accepté à la condition de ne pas être à nouveau juré l’année suivante car il me semblait que l’indépendance des prix se gagnait aussi sur ce genre de choses, la non reconduction des jurys. J’ai regretté de n’avoir pas participé aux délibérations des années suivantes car j’avais adoré rencontrer les autres jurés et échanger avec eux sur nos lectures. Mais c’est mieux ainsi
22:01
Tiens, j’irai voir ça. (Ce questionnaire me servira au moins à mieux connaître mes « amis » facebook…)
Je vais vous quitter pour ce soir. Merci encore pour le temps passé à répondre. Je viendrais redialoguer avec vous…
22 novembre 2013
13:57
Bonjour Pierre Bisiou, nous ne sommes pas le soir, mais si vous êtes dans les parages… Nous pouvons continuer notre discussion.
13:59
Je viens à l’instant de coucher ma Julie
14:00
C’est drôle…
14:00
Vous aussi ?
14:00
Moi aussi quoi ?
Est-ce que je vais me coucher ?
14:01
Vous aussi vous venez de coucher une Julie ? ; )
14:01
Ça m’arrive de faire la sieste, mais là je tiens une forme étonnante pour un vendredi après-midi.
(Je connais une Julie, et je devais la voir, aujourd’hui. Mais sa fille est malade.)
14:02
Je suis à votre disposition !
14:02
Merci!
Je me rends compte que nous en étions à la question : qu’est-ce qui vous inspire ?
14:03
Ah …
C’est rien, c’est très léger, c’est plus ou moins tout, l’air du temps. Et sans doute les angoisses que nous partageons tous …
14:04
Les angoisses légères…
Question : Vous décidez assez précisément avant de commencer de quoi vous allez parler, ou vous laissez courir ?
14:05
Je pars d’un thème assez précis.
14:05
Et vous parvenez à vous y tenir ?
14:07
Je prends un thème. Puis je laisse filer, je suis le chemin un peu comme il vient. Mais il y a beaucoup de déchets. J’arrête beaucoup de choses en route. Parce que je ne trouve plus rien à dire mais le plus souvent parce que je ne trouve pas la bonne façon de dire les choses. Mon travers le plus ridicule c’est sans doute l’emphase, l’emphase et le raconté ; quand j’en suis là, je sais que c’est fichu et qu’il faut arrêter et aller vers autre chose.
14:08
Comme je vous comprends.
Mais il faut continuer à chercher.
14:08
Ce qui fait que je termine à peu près un texte par an mais que j’en débute facilement 10/15 …
14:08
Et vous les abandonnez vraiment, ceux qui ne sont pas terminés ?
Ou vous y revenez ?
14:10
Généralement j’abandonne. Ceci dit bien sûr que ça reste dans un coin de la tête et qu’on ne s’en sépare jamais. Ça ressurgira probablement un jour … Là j’ai essayé trois ou quatre fois de faire quelques chose sur le rêve mais je n’y parviens pas … Bah, plus tard …
14:11
Quand vous dites « essayer », ça consiste en pages écrites, déjà, et / ou en temps de cerveau disponible ?
14:13
Non, quand je dis essayer ce sont vraiment des pages. Dans la tête faut avouer qu’on a tout le temps un petit animal qui écrit des histoires bien caché dans les plis et replis d’not’cervelle !
14:14
Une question que je n’avais pas prévue : et vous n’avez jamais mal aux doigts et / ou articulations ? Vous écrivez encore sur papier ?
14:14
Clavier.
Mac
Mac(s) …
14:15
Mais vous avez commencé directement au clavier ou au stylo ?
(Il paraît que c’est super, mac, j’ai jamais essayé, mais si vous pensez que ça change quelque chose à l’exercice de toucher ses touches, dites-m’en plus… Je suis curieuse.)
14:20
Maintenant j’écris tout le temps par clavier. Est-ce que ça change quelque chose, le type de clavier ? Je ne sais pas, non, rien de fondamental bien sûr, mais je suis habitué à la musique de mon clavier et c’est exact, j’ai une sainte horreur du bruit des clavier de PC genre DELL, ce gros son caverneux atroce. Mais je n’aime pas trop le son des nouveaux claviers d’iMac s’ils ne sont pas parfaitement à plat. Bien à plat, c’est doux, mais dès qu’il est un peu usé où, comme chez moi, sur une table en bois pas bien plane, il fait un bruit d’écho désagréable. Donc soit j’arrive à le caler soit je mets un journal en dessous. En revanche je suis parfaitement heureux avec mon clavier de MacBook (le portable), qui en plus est rétroéclairé donc parfait pour écrire discrètement la nuit … Allons, j’avoue que tout ceci est de l’ordre du détail et de l’amusement. C’est plutôt de l’ordre de la manie … proche maniaquerie … donc faut pas trop commencer à y prêter attention ou importance … Même le pire clavier n’empêche pas d’écrire …
14:22
Ah! Un maniaque du clavier… Je n’en avais jamais rencontré.
Quand vous avez commencé, est-ce que vous pensiez continuer longtemps ?
Et suivre le parcours qui a été le vôtre, ou pas du tout ?
14:24
Je ne saurais dire. Je n’ai jamais imaginé qu’écrire fut un projet en soi. J’ai toujours écrit donc j’écris toujours. Ce qui m’étonne c’est que les gens s’arrêtent peu à peu d’écrire. C’est comme parler. Personne ne se demande s’il va arrêter un jour de parler. Voilà, j’écris comme ça.
14:26
Mais on peut parler moins, avec le temps, ou se répéter.
Oui, ça fonctionne, votre parallèle…
En écriture, vous êtes un compulsif ou un émotif ? (En gros, vous abattez tout le boulot dans n’importe quel contexte et plus encore, ou vous devez d’abord vous mettre en condition tout ça tout ça, avant de vous lancer ?
14:29
Ah oui, je me souviens de votre question. Je ne suis pas certain de l’avoir comprise en la lisant la première fois. Et guère plus à présent … J’écris tous les jours. Des courriers, des bouts de textes, des notes, du Facebook, etc. Faut-il faire une différence entre les choses écrites, mettre de côté les choses abouties ? Pour les choses abouties, je suis plutôt compulsif, sans doute. Mais peut-on séparer les unes des autres ?
14:33
Je crois que certains font une différence, il faudra que je vérifie ça. Une différence, en tout cas, dans ce qu’ils vont donner dans le virtuel (faire la promo) et pour des projets plus perso et / ou consistants…
Une des raisons qui m’a donné envie de vous contacter (à part le hasard) c’est qu’on a l’impression que vous aimez bien être sur les réseaux sociaux, et que ça vous amuse. Je comprends mieux maintenant, en lisant votre réponse.
22/11/2013 14:36
Oui … C’est vrai que ça me convient bien ! Surtout depuis Julie … C’était pratique d’écrire sur l’iPhone la nuit à 3h du matin à des amies ici ou là.
14:36
Et vous avez changé un peu de manière de travailler à cause de ça ? Vous devez vous discipliner ?
Ou c’est complémentaire ?
14:40
J’avais essayé le blog à une époque. Ça me plaisait, surtout la plateforme où j’étais, qui était très conviviale et très mélangée. Quand ça c’est fini, je me suis retrouvé à essayer Facebook, c’était en 2007. J’ai retrouvé la même discipline de l’écriture quotidienne, une discipline que j’adore. Là, sur FB, je m’oblige à publier tous les jours un statut (twittable, donc max 140 caractères). J’aime me créer des obligations.
14:43
Avec ce qui a été dit au-dessus, je crois que la réponse à : L’écriture, ça vous fait du bien ou du mal ?, est évidente… Mais je pose quand même la question.
14:45
Du bien, totalement du bien. C’est difficile parfois, douloureux de ne pas réussir à exprimer ce que l’on ressent, ou bien parfois de se plonger dans une scène particulièrement dérangeante, mais sur le fond c’est bien entendu un plaisir permanent. C’est comme embrasser, pour un voluptueux, ou manger, pour un gourmand ; )
14:46
Ce qui fait du mal, à mon sens, c’est ce que nous vivons. L’écriture en soi est transparente, c’est la vie qui peut nous atteindre.
Et puis écrire nous force aussi à nous regarder d’une manière critique, il me semble, ironique. Ça c’est plutôt sain je crois, n’est-ce pas ?
Ah, et puis une chose encore …
… pardon je papote, je papote …
… vous tenez bon ? …
14:50
Ah oui, j’aime bien. Mais on vient de trouver des traces de souris, dans la cuisine.
Par des traces… J’entends des petites boules noires, post-digestion.
(C’est cool de travailler de chez soi.)
Je suis assez d’accord avec vous : la torture n’est pas dans l’exercice de transcrire quoi que ce soit, même si c’est difficile.
Concernant l’ironie, autant lui laisser un peu de place.
(En général, c’est une invitée qui sait y faire pour nous garder en place.)
Je vais devoir vous laisser, dans pas longtemps. Je vais partir à l’école. Ça termine tôt en Belgique…
14:56
Concernant les souris, c’est l’arrivée des froids vifs… Elles cherchent leur place au chaud elles aussi. Avant je faisais attention à ce qu’elles ne rentrent pas et je les chassais dès qu’elles outrepassaient les limites, mais depuis Julie je mets des pièges, comme un sagouin ! CLAC ! CLAC ! CLAC ! De la cuisine il m’arrive d’entendre se détendre le ressort mortel, CLAC ! La pauvre bête se fait briser le cou pendant que j’essuie les patates. Filez donc, je vous souhaite une bonne journée, nous reparlerons de la question numérique une prochaine fois j’espère.
14:57
Oui!
Bon week-end
14:58
Itou par chez vous !
13 décembre 2013
14:22
Bonjour Pierre, Je pense souvent à vous, en constatant le passage des souris.
Je me suis décidée à installer des tapettes hier.
Les enfants sont indignés.
Ils ne comprennent pas.
Moi-même, j’ai l’impression d’endosser un nouveau rôle, après toutes les responsabilités déjà prises dans cette vie.
« Essayer de tuer des souris »
15:11
Les souris vont me haïr !
15:13
Pour le moment, aucune ne se présente.
15:14
Les enfants vont me haïr …
15:14
Oh, ces enfants sont un peu curieux quand même d’une future capture.
« Je pourrais l’amener à l’école, si on attrape une souris, maman ? »
Ça sent la fin.
(Pour les souris.)
15:16
Ne leur dites surtout rien de la métempsycose, au point où ça en est…
15:17
Nous éviterons le sujet.
Pour le moment, c’est surtout la folie du marché de noël.
L’école nous gâte.
15:19
La mienne sort de sa sieste. Je reviens vers vous plus tard… Pardon…
15:19
Au revoir
Mercredi 29 janvier 2014
Bonsoir Pierre, Vous allez bien ?
Pouvons (pourrons)-nous reprendre notre dialogue ?
Quand cela vous arrangera…
20:46
Bonsoir. Avec plaisir.
20:47
Bien! Maintenant ?
Vous avez le temps ?
Vous allez bien ? (C’est amusant ce grand mystère des vies…)
20:49
Des petits soucis de rien du tout. Et beaucoup de bonnes choses. Et vous ?
20:52
Oh, en un mot : l’hiver.
20:55
Je pensais, par rapport à votre idée de dialoguer plutôt que de simplement répondre à des questions. C’est un peu comme si on décide qu’allez, on va se bouger, courir un peu, par exemple, pour l’hygiène de vie. Et la première fois, on court. Mais après on propose à d’autres de se joindre, et on finit par se raconter des trucs.
20:55
L’objectif numéro 1 disparaît.
C’est peut-être ça, dialoguer.
Noyer les poissons….
20:56
Ploc.
20:59
Il doit bien y avoir quelqu’un qui trouverait ça honteux.
20:59
Oh… Les gens …
21:00
Oh… Le scandale…
Alors… Nous en étions à la question : Écriture numérique ou écriture papier ? (Comment diffusez-vous votre travail, et qu’est-ce qui vous semble différent, si vous pratiquez les deux ?)
21:02
En ce moment, bientôt, les 2.
Une femme m’a contactée, qui voulait lancer un site. Je lui ai écrit une nouvelle, puis deux puis… tout un recueil !
21:04
Ah, vous êtes sympa, vous.
(Ou peut-être que c’est la femme qui l’est…)
Vous vous êtes pris au jeu…
Ou vous aviez envie d’essayer autre chose ?
21:07
Je ne sais pas. Ca me convenait aussi parce que je manquais de temps. Ou bien ça collait aux textes : il s’agit de littérature érotique.
J’écris plein d’autres choses mais c’est beaucoup plus facile hélas d’intéresser un éditeur avec de l’érotique…
21:08
Dingue! J’ai l’impression que tout le monde écrit ça en ce moment.
C’est devenu une sorte de passage obligé.
21:08
Ils rêvent tous de rééditer le succès de 50 nuances. C’est idiot mais…
21:08
Vous l’avez lu ?
21:09
Non.
21:09
Moi oui.
Je venais de recevoir ma première liseuse, et je l’ai acheté en VO sur amazon. (Je l’ai raconté pour le projet I<3EBOOKS d’onlit)
Et vous ne serez pas surpris d’apprendre que ce n’est pas terrible. C’est dingue, quand même, les succès d’édition.
Trois tomes… Le filon.
21:11
Ah oui !!! L’éditeur est heureux !!
21:11
J’ai juste bien aimé les cent premières pages, parce que ça me rappelait ma jeunesse…
21:12
Oh, zut, je vais regretter de ne pas l’avoir lu alors ?
21:12
C’est bourré de clichés, c’est ça que j’aimais bien. et il faut attendre cent pages pour la première scène explicite.
(Et j’ai bien aimé, aussi, à la toute fin, il y a la rencontre entre les deux vue de son point de vue à lui, alors qu’on l’avait de son point de vue à elle, dans les cent premières. C’est comme si on voyait le livre que ça aurait pu être.
Mais que ça n’est définitivement pas.
Pas un livre qui joue avec les mots ou les points de vue. (Un peu avec les options et les positions possibles pour s’accoupler, mais même ça, sur 1 500 pages, ça finit par manquer de corps.)
21:14
Je lis peu quand j’écris. Je crois que je vais m’éviter ces trois tomes.
21:15
Il y a eu des analyses qui disaient que le succès du livre était aussi dû à l’explosion de la lecture numérique.
Que les gens pouvaient lire ce truc sans que personne le sache dans le métro.
21:16
Aussi peut-être. Je ne sais pas. Il y a une magie de la réussite du livre.
Mais il y a eu ce « buzz » effectivement autour de la première parution numérique du titre.
21:17
Vous pensez que ça peut marcher, encore ?
Ou que trop de buzz tue le buzz ?
21:18
C’est ça, trop de buzz tue le buzz. En revanche la littérature numérique va s’installer, oui, je l’espère d’ailleurs.
Et j’espère aussi que mon recueil va trouver des lecteurs !
21:18
Mais oui!
Est-ce que vous avez parlé de ça avec la femme qui vous a incité à l’écrire ?
Comment trouver des lecteurs ?
21:21
Elle se débrouille de tout, j’écris !
21:22
(Et c’est déjà pas mal…)
Parce que les auteurs-geeks s’embarquent souvent dans l’auto-promo.
21:22
Elle bosse dur. C’est pas simple je crois de monter un site, sa librairie en ligne.
Oui, c’est vrai, il y a cette tendance.
Moi pas.
21:23
(Et il y en a même qui se prenne au jeu.)
Je ne sais pas toujours quoi en penser. Tout dépend comment c’est fait.
21:24
Je n’ai pas non plus de jugement tranché. Je sais que moi ça ne me convient pas. Ceci dit, bon, allez, quand même… Je pense que l’édition c’est un vrai métier.
21:24
Ah oui, absolument.
C’est même un beau métier.
21:26
Donc l’éditeur doit faire son boulot. C’est mieux. Auteur je ne veux me mêler de rien, éditeur je veux décider de tout
21:26
Schyzophrénie, quand tu nous tiens…
21:27
Eh !
21:27
(je n’ai jamais compris pourquoi ce mot ne s’écrit pas avec un « y ».)
Ça fait plus savant.
Je relis le questionnaire initial, (et le dialogue, ça répond à tout, sans même qu’il soit nécessaire de le demander, parce que la dernière, c’était : est-ce que vous avez l’impression d’exister en dehors de ça ? (plusieurs réponses possibles.)
21:33
Oh !
Oui, bien sûr.
21:34
(Et bien moi, pas toujours. Mais personne ne m’a rien demandé.)
Pourtant, je fais plein d’autres choses.
Mais la question est mal posée. Comment doser ? C’est ça, qui m’intrigue. Comment chacun dose.
21:35
Doser la question ?
21:36
Doser le rapport existence / écriture.
C’est quand même une activité archi passive.
21:37
Ah oui… passif, l’écriture ? Je ne dirais pas ça.
21:37
Ceux qui s’y mettent sérieusement doivent rester le cul sur leur chaise, ou alors ça marche pas.
21:37
C’est sédentaire, oui.
21:38
(Nous nous sommes débarrassés des souris, en prenant un chat en pension pendant trois jours.
Il y avait des enfants à la clef. Pour que le chat ne soit pas dépaysé.
Résultat : plus de souris. Mais des poux sur les têtes.)
21:38
J’adore !
Pas les poux, les paradoxes.
21:39
Vous me rassurez.
On n’a rien sans rien.
Je suis un peu trop sensible aux dictons.
21:39
Je prends bonne note.
21:40
Bon, je reviendrais bavarder avec vous bientôt. J’ai décidé de publier notre dialogue en gardant cette forme. Je vais aller voir ce que ça donne.
21:41
D’acc.
21:41
Bonnes écritures…