Un fragment retrouvé, inédit, donc. Dans un document pas consulté depuis 2009. (Aucun souvenir de l’avoir écrit et de pourquoi il n’a pas été coupé/collé dans le document principal.) Mais cela me donne l’occasion de revenir à S’éclipser. Petit bonus pour tous les anciens ou futurs lecteurs :
Trois cent soixante quatre midis
Je comptais les heures avant l’éclipse, six, comme si c’était l’échéance. Comme si tu attendais ce moment pour revenir vers moi. J’avais souvent compté les jours, quand nous étions séparés par tes voyages, maintenant c’était les heures, ça me prenait beaucoup plus de temps, il y avait tellement d’heures dans une journée. Six. Dans six heures, je te verrais peut-être. En attendant, je pouvais peut-être compter les minutes. Rendre le temps aussi objectif que possible. En attendant que tu te décides. C’était comme si mon téléphone était cassé. Il ne sonnait plus. Ou alors je ne décrochais pas. Il avait sonné une fois ou deux, mais ce n’était pas toi, c’était ma mère, et ma sœur. J’étais tranquille dans cet aéroport, pour une fois, je n’avais pas besoin, ni besoin de ma mère, ni besoin de ma sœur. Ma mère, qui t’aimait tant et qui te cassait les pieds, un peu quand même, tu ne me l’avais jamais dit, tu étais si poli, si gentil, ma mère nous aurait mariés depuis longtemps. Elle me le glissait, et alors, vous en êtes où ? Presque à chaque fois, maintenant. Trois cent jours, c’est largement suffisant pour se décider, non. Ma mère, en trois cent jours avait eu le temps de se marier, de perdre sa virginité, et de faire un enfant. Elle avait du mal à comprendre qu’est-ce qui pouvait bien nous prendre autant, sans compter qu’on couche le premier soir, et qu’après ça, on se contente de se coucher. Elle ne comprenait pas.
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