situations

On prend des cours de tout et on emballe sa vie avec du tulle, certain.e. se cachent du passé, on ne porte pas d’alliance, on n’a pas recours au chantage, on se contacte pour rire, on reçoit des flops, on n’essaie pas de comprendre qui cherche l’amour, qui a des besoins, du soin, qui sort du lot. On scrolle comme des fo·lle.u.s.

On a l’air grand·e. on a l’air de sortir de nulle part et pas l’air du tout. On a l’air d’aimer la papèterie ou de passer sa vie sous les cocotiers, on professe le port de la barbe et l’envie de ken, on a l’air bizarre et pas gêné·e de l’être. On a l’air fièr·e de trop de vie qui concerne l’envie, on écrit un profil, on envoie une intro, on triche sur son âge ou pas, on triche sur sa calvitie, sa netteté, sa capacité à aimer, à craindre, à regretter. On a l’air d’un.e ancien·ne amant·e.

On va à l’hôtel favori avec des mots et des choses genré·e·s à disposition. On a l’air fort·e. On a l’air d’attendre. On a l’air foutu·e. On a l’air facile à obséder. On a l’air vivant·e. On a l’air de bouger sans se questionner sur ce qui nous ferait plaisir.

On est des grand·e·s enfants et on sait comment résister. On sait que les chips seront partagées. Que les sodas nous agacent. On sait parler de fruits et légumes. De véganisme concerté. On sait courir après soi-même pour pas courir après l’autre. On sait sourire à chaque chance. On sait que les hormones sont capables de nous jeter dans les bras les un·e·s des autres. On sait donner un coup dans les boules de l’adversité et obtenir le succès.

On sourit. On fait abstraction de ses fêlures et on donne le meilleur de soi-même, on donne l’envie, le change, on change la donne, on fait tapisserie et on sait que l’envie est devenue la sœur du caprice. Sa cousine. Sa complice.

On n’a pas la bonne pioche, on constate la pénurie, on s’agace du factice, on oublie de répondre, de prétendre, de voir plus loin que le coin gauche, toujours à gauche, on oublie la possibilité d’une rencontre, on a mieux à faire, un travail qui donne des ailes, une vie centrée sur ce qui on est.

On lapide sa fierté, on récuse toute dignité, on regarde loin et on voit pas le problème, on regarde près et on voit pas la solution, on couche sans bonheur, on calfeutre l’emplacement de son cœur, on garde son sens de l’humour, on évite les compliments, les explications, les complications, tout est instantané, chevauché, destiné à s’estomper. On compte sur nos mains pour attirer nos bouches, nos bouches pour attiser nos tripes, nos tripes pour pactiser.

On a des choses à raconter.

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